certaine mesure ». Les conjurés, en parlant ainsi, ne faisaient que résumer l’histoire. À toutes ses pages elle dit la foi des chrétiens en l’institution du divin Maître, leur aveugle confiance en celui qu’il a fait être son vicaire et qui leur parle en son nom, leur dévouement absolu au Pontife qui tient la place du Christ au milieu d’eux. Que quelques-uns d’entre les Papes, à l’heure des grandes crises de l’Église, n’aient point eu assez de foi en eux-mêmes, ou plutôt en la vertu de Jésus-Christ dont ils étaient investis, c’est possible. Cela arriva à Pierre sur le lac de Génésareth : comme lui, ils ont alors senti les flots s’ouvrir sous leurs pieds jusqu’à ce que leur regard, se reportant sur le divin Sauveur, ait puisé en lui avec un renouvellement de foi, une recrudescence de vigueur et de charité divines.
Montrer aux membres de la Haute-Vente la puissance du levier pontifical, c’était peu pour le Conseil suprême des sociétés secrètes ; l’important et le difficile était de leur faire croire qu’ils pourraient arriver à s’emparer de ce levier et le mettre en action au profit du but final de la secte, « celui de Voltaire et de la Révolution française : l’anéanlissement à tout jamais du catholicisme et même de l’idée chrétienne. »
Comment des hommes intelligents, — et certes les Quarante l’étaient, Nubius, leur chef, avait plus que de l’intelligence, c’était un homme d’un génie infernal, — comment purent-ils accepter de s’atteler à une si folle entreprise ? Ils s’y mirent, nous le voyons par leur correspondance, ils s’y mirent avec enthousiasme. Une haine satanique les animait et toute passion crée l’illusion.
Les Instructions étaient allées d’abord au-devant des objections.