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ticulière est élevé ou bas parce qu’il faut, pour la faire venir au marché, payer des salaires et des profits élevés ou bas ; mais c’est parce que son prix est élevé ou bas, c’est parce qu’il est ou beaucoup ou très peu plus, ou pas du tout plus élevé que ce qui suffit pour payer ces salaires et ces profits, que cette denrée fournit de quoi payer une forte rente ou une faible rente, ou ne permet pas d’en acquitter une. »


L’auteur a consacré ensuite de longues pages à la démonstration expérimentale de cette proposition, puis à la distinction des parties du produit de la terre qui fournissent toujours de quoi payer une rente et de celles qui ne peuvent pas toujours en payer une. Pour lui, les parties du produit de la terre qui donnent constamment une rente sont les denrées nécessaires à la subsistance de l’homme, car la nourriture trouve toujours à s’échanger contre du travail, à cause de la tendance de la population à se multiplier en raison des moyens de subsistance. Mais il n’en est pas de même des autres produits, de ceux notamment qui servent au logement et au vêtement, attendu que les pays ne se peuplent pas en raison du nombre d’hommes que leur produit peut vêtir et loger, mais du nombre d’hommes qu’il peut nourrir. En effet les terres qui les fournissent ne donnent pas nécessairement une rente, car la demande de ces marchandises est sujette, suivant les siècles et les pays, aux plus grandes fluctuations : sans valeur sérieuse chez les peuples barbares, elles n’acquièrent généralement de prix qu’avec la civilisation et l’accroissement de la richesse, par une sorte de contre-coup produit par la hausse de la rente des terres à blé.


Cette étude est assez longue et elle est très remarquable. Malgré la variété des recherches qu’elle suppose, elle est en tous points fort intéressante, soit que Smith considère, dans une digression fameuse dont nous avons parlé plus haut, les variations de la valeur de l’argent aux quatre derniers siècles, soit qu’il apprécie les différents modes de culture en usage. À ce dernier point de vue surtout, il montre à toute occasion une connaissance parfaite de l’agriculture, de ses ressources comme de ses procédés, et on a tout lieu de supposer qu’il dut mettre à profit ses relations avec lord Kames, l’auteur du Gentilhomme fermier,