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pour compléter ses observations sur cette branche de la production qui avait toutes ses préférences.


Enfin, après avoir examiné ainsi dans quels cas le propriétaire prend une part lors de la répartition, Adam Smith a été amené, par toute cette série d’observations et malgré le vice que nous avons signalé dans son analyse des éléments de la rente, à constater que le taux de la rente a une tendance continue à la hausse. Mais la constatation de ce phénomène si important ne lui a cependant pas fait découvrir son erreur ; il ne s’est pas rendu compte que cette hausse persistante manifeste l’accroissement graduel de ce second élément de la rente qui a son origine dans l’incorporation successive des capitaux. C’est pourtant la prépondérance de cet élément, qui est, à notre avis, la cause la plus puissante de cette tendance générale à la hausse, car les améliorations utiles effectuées sur les terres ne rendent pas seulement l’intérêt des capitaux qui y ont été incorporés, elles suscitent dans une proportion beaucoup plus grande la fertilité du sol elle-même. Quant à la partie invariable de la rente, celle, qui correspond à la productivité naturelle du sol, elle reste à peu près fixe ; elle n’est guère influencée que par l’extension des cultures aux terres moins fertiles, et c’est là une cause de hausse qui, quoi qu’en ait dit Ricardo, a au fond bien peu de force si on la compare à l’action puissante des capitaux incorporés et des perfectionnements de l’art agricole sur l’augmentation des produits et sur l’accroissement de la portion de ces produits qui, excédant les frais de production, constitue la rémunération réelle du propriétaire.

Toutefois, après cette observation, nous ne pouvons que souscrire à cette vérité, mise en lumière par Adam Smith, que la rente a une tendance générale et puissante à la hausse. On a prétendu qu’à cet égard le célèbre économiste a frayé la voie à la théorie de Ricardo et qu’il a été ainsi le promoteur de cette doctrine affligeante qui voit dans la civilisation une cause de diminution graduelle du prix des objets manufacturés et d’augmentation correspondante de la valeur des subsistances. Ce reproche n’est pas fondé. Smith a bien constaté que l’accroissement de la richesse amène peu à peu une réduction notable dans