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Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/82

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D’un obscur enfant de la France,
A leurs cris de reconnaissance,
A leurs hymnes de liberté.

Va donc, n’hésite plus, n’attends pas les étoiles ;
Des flambeaux de la nuit les feux seront pour toi.
N’entends-tu pas le vent qui frémit dans tes voiles ?
Il t’invite à partir ; pars, vole, emporte-moi !
N’oins, je me confie à ton humide haleine ;
A toi, brûlant Siroc ; à toi, noir Aquilon ;
Mugis, qui que tu sois qui souffles vers Athène :
Tout me sera Zéphyr, quelque vent qui m’entraîna
Du tombeau de Virgile au tombeau de Byron !

Vain songe !… Il dédaigna ma prière inutile.
Hélas ! pour un Français il n’avait point d’asile.
Au lever du soleil, mes yeux l’ont découvert
Entre le doux Sorrente, où la grappe dorée
Se marie au citronnier vert,
Et les rochers aigus de la pâle Caprée.

Sans doute il entendit, sur ce pic menaçant,
L’infâme successeur des demi-dieux du Tibre,
Tibère, s’éveillant au nom d’un peuple libre,
Des Grecs ressuscites lui demander le sang.

Sur la rive opposée il ne put méconnaître
Ce chantre harmonieux que Sorrente a vu naître :
Le Tasse errait encor dans l’asile enchanté
Où l’amour d’une sœur recueillit sa misère ;
Du sein de l’immortalité,
Poète, il fit des vœux pour, les enfants d’Homère !…
Le vaisseau cependant voguait sur l’onde amère.
Oui des deux a-t-il écouté ?…