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Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/110

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plus souvent, qui servait le vin ou le café ; elle portait les sièges sous la tonnelle, et se levait pour mille détails. Lorsqu’elle restait assise c’était pour ne point faire tort à son ouvrage, tant que les dernières clartés du jour pénétraient à travers le feuillage. Elle brodait à la main de mignons fichus de mousseline, gardant tous ses ustensiles de travail dans un petit réticule suspendu à sa ceinture par une chaînette. Elle portait habituellement une robe très-simple et très-longue en percale blanche, semée de bouquets de marguerites d’un lilas tendre. Dans cette robe qui dessinait vaguement son corps mince et souple, avec ses cheveux, merveilleux, toujours réunis en une tresse pendante, et son petit sac à ouvrage qui lui donnait par moments un air de damoiselle du XIIIe siècle, n’était-elle pas charmante la petite Anna ? Les pieds et les mains s’étaient effilés ; le visage, toujours prompt à se colorer à la moindre émotion, était plus blanc et plus doux et, malgré un profil irrégulier et une bouche trop grande, la figure d’Anna pouvait plaire. Cependant elle était toujours, la gracieuse enfant, complètement effacée par ses cousines. Près d’Angela, grande et majestueuse, elle ressemblait à une fillette,