Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un peu en avant d’Anna, s’obstinaient à bavarder et elle en fut scandalisée plus qu’on ne peut dire. Elle-même, immobile et la tête levée, devint très-attentive. Jamais elle n’avait vu ni entendu choses semblables.

La voix du prédicateur s’élevait sous l’immense baldaquin d’étoffe or ; elle remplissait l’église, tantôt douce et suave comme une cantilène, tantôt éclatante comme un ouragan ; elle montait et descendait, elle allait se perdre dans la pénombre des chapelles et revenait, répercutée par l’écho des nets. Les anges et les saints de Mugano écoutaient du, haut des voûtes et, à travers les vitraux azurés, un brillant rayon de soleil descendait sur quelques têtes juvéniles, les couronnant d’une auréole mystérieuse.

Le thème de la prédication était le Purgatoire. L’orateur se servait d’exemples anciens et modernes, il parlait des rites païens, des brahmines et des bouddhistes ; il invoquait l’autorité des conciles œcuméniques de ceux spécialement, qui se tinrent à Carthage et où l’existence du purgatoire fut solennellement affirmée. Il rappelait les arguments de protestants mêmes, des encyclopédistes, de Luther et de Mélanchton, de Voltaire et