Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/78

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mûres blanches ; il y avait jusqu’à des grappes de raisins.

C’était l’époque de la récolte des amandes, une des plus productives, et Sebastiano se lassait plus que jamais, présidant et aidant à la cueillette.

Il revenait las à mourir ; après le souper, il se couchait et s’endormait profondément.

Cesario lui portait envie et quelquefois aussi se reprochait, de dépenser tant d’argent, pendant que son frère travaillait comme un mercenaire.

Un jour, il voulut expérimenter la vie de campagne ; il monta à cheval et partit avec Sebastiano. La vue des gens qu’on employait à la récolte des amandes, pauvres affamés couverts de haillons, mangeant du pain sec, l’émut un peu et lui fit juger sa position mille fois heureuse en comparaison de la leur. Puis, l’ennui le gagna. Le soleil dardait ses rayons brûlants à travers le bois poudreux des amandiers et desséchait la terre. Dans la chaleur torride de l’après-midi, les champs pleins d’épis sauvages très-piquants, de chaume, de chardons couverts d’une mélancolique floraison violette, prenaient à ses yeux un aspect horriblement désolé et aride.