déclara qu’il venait de rembourser M. Rosenthal, et, sans que j’eusse à le presser, il me nomma la dame qui lui avait présenté le livre et à qui il avait soldé le montant de l’acquisition : la somme avait servi à payer des travaux que la fabrique avait fait exécuter dans l’église de Barbechat.
Rassuré sur l’issue de l’affaire, je me gardai bien de renvoyer le volume à Barbechat, où il passait pour dépourvu d’intérêt et illisible. Il me sembla de toute justice qu’il fût attribué à la Bibliothèque Nationale, par l’intervention de laquelle le détournement avait été découvert et le volume sauvé du danger de passer à l’étranger. Le Directeur de l’Enseignement supérieur, dans les attributions duquel sont les bibliothèques et les archives, partagea mon avis, et, comme l’affaire touchait aussi au service des archives, j’en avisai le Directeur des Archives, qui me répondit en me félicitant du résultat de l’opération.
Me permettez-vous d’ajouter un détail ? Par commisération pour les paroissiens de Barbechat, qui ne savaient comment se procurer la somme réclamée par le libraire à qui le missel avait été vendu, j’ai cru devoir tirer de ma bourse personnelle la somme à laquelle il avait, jusqu’à un certain point, droit de prétendre.
La quittance et toutes les pièces du dossier sont au secrétariat de la Bibliothèque Nationale.
Tout cela s’est passé quelques semaines avant la publication du décret qui m’a relevé de mes fonctions d’administrateur de la Bibliothèque Nationale. Puisse mon successeur n’avoir pas l’occasion d’éprouver les soucis que m’a causés la recherche de l’origine du missel et des moyens de l’empêcher de passer à l’étranger, ce que je considérais comme un devoir de ma charge !
Telle est l’histoire du danger que le missel de Barbechat a couru, et du sauvetage que la Bibliothèque Nationale a opéré. Puisque vous tenez à faire connaître les vicissitudes par lesquelles ce livre a passé dans ces derniers mois, vous pouvez faire usage, sous ma responsabilité, des renseignements contenus dans ma lettre. Dès que j’aurai mis la main