Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/192

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mer. Dépêchez-vous de monter et soignez-vous bien, Alix. J’irai plus tard prendre des nouvelles de Gaétan.

Il retourna vers le lit, et Alix suivit Mathurine. La jeune fille se sentait anéantie, tour à tour brûlante et glacée… Miss Elson ne put retenir un geste d’inquiétude en la voyant apparaître, si pâle et si défaite, dans la chambre des petits garçons.

— Venez vite vous déshabiller, ma pauvre chère. Était-ce raisonnable d’accomplir pareille équipée ?… Alix !… voyons, Alix !

Mais, sans l’écouter, la jeune fille courait vers le lit. Gaétan lui tendit les bras et, plusieurs minutes, ils demeurèrent enlacés, savourant le délicieux bonheur de se sentir réunis après les cruelles angoisses de l’heure précédente.

— Je ne croyais plus te revoir, ma sœur, balbutiait le petit garçon. La mer avançait… Elle allait me toucher au fond de la grotte quand mon oncle est apparu… Oh ! combien je t’ai inquiétée, mon Alix ! dit-il avec désespoir. Mais pourquoi cet homme m’a-t-il abandonné là ?… Pourquoi m’en voulait-il, ma sœur ?

— Ah ! M. Maublars ! fit-elle sourdement. Pourquoi l’as-tu suivi, malheureux enfant ?

— Mais je ne l’ai pas suivi, Alix !… J’étais bien tranquille dans le salon, je sommeillais même un peu près de Xavier qui dormait tout à fait, lui, quand je me suis senti saisi, emporté au-dehors. En me débattant, je parvins à lever la tête et je reconnus M. Maublars. Mais il me serra plus fort et il me fut impossible de faire un mouvement… Je savais que nous allions vers la mer, j’entendais de plus en plus le bruit des vagues, bientôt je sentis un peu d’eau sur mes mains et sur mon visage… Puis je fus déposé à terre. J’étais seul, dans l’obscurité, et un bruit effrayant se faisait entendre à quelques pas de moi. Au bout d’un instant, je sentis

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