Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/76

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mença à parler de celle qui avait toujours été la sœur chérie d’Even, celui-ci devint très pâle et l’interrompit avec vivacité, en le priant de ne plus prononcer ce nom devant lui. Comme nous protestions avec indignation en demandant les raisons de cette singulière conduite, mon cousin s’écria avec un geste de mépris : « Vous ne savez pas… mais, moi, je connais ce que mon père lui reproche ; je sais qu’elle est indigne du nom de Regbrenz. » Il s’éloigna comme un fou et, lorsque nous le revîmes, il refusa toujours de nous donner des explications.

» Nous apprîmes avec douleur que Georgina et lui fréquentaient beaucoup la villa Maublars. Roger Maublars est un écrivain de grand talent, mais empoisonné : c’est un ennemi acharné de la religion et il a eu la plus détestable influence sur le pauvre Even, aidé en cela par sa sœur qui le poussait à fréquenter cet homme diabolique. Georgina a beaucoup desservi votre mère auprès de son père.

— Aimait-il vraiment beaucoup maman ?

— Certes, cela sautait aux yeux, et elle-même avait pour son père une tendresse ardente. Pour elle, il était un sujet d’admiration, car il vous faut dire, mon enfant, que le comte de Regbrenz possédait une fort belle intelligence, une âme élevée, malheureusement orgueilleuse et trop avide des aises et des plaisirs de la vie.

— Comment Mme Orzal a-t-elle réussi à lui faire commettre cette injustice épouvantable ?

Le regard d’Alix de Regbrenz effleura involontairement les feuillets posés sur la table… Elle répondit d’une voix hésitante et troublée :

— Mon enfant, la jalousie est chose terrible. Georgina, malgré sa réelle beauté et les dons de son esprit, voyait sa sœur plus admirée qu’elle, à cause du charme fait de bonté et de loyauté fière qui émanait de Gaétane. L’envie fit accomplir sans doute