Page:Delrieu - Artaxerce, Giguet et Michaud, 1808.djvu/36

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« Exempt d’orgueil, d’envie, il a sacrifié
» Les palmes du triomphe aux droits de l’amitié ! »

ARTAXERCE.

À mon ame étonnée épargne la louange.
On offense un soldat ; Artaxerce le venge.
Arbace est malheureux : je le plains comme toi.
Mais je plains davantage et mon père et mon roi.
Loin du trône où triomphe en paix la calomnie,
Toujours la vérité sera-t-elle bannie ?
Apprends si le héros que l’on ose accuser,
Mérite les honneurs que j’ai dû refuser.
Rappelle-toi le jour où Tygrane et Pharnace
Vainqueurs de tous nos chefs, mais vaincus par Arbace,
Virent leurs bataillons renversés, confondus,
Des plaines de l’Euphrate aux rives de l’Indus
Fuir ; et, dans les déserts de l’aride Hyrcanie,
Courir cacher leur rage et leur ignominie…
Jeune, oisif, languissant dans un lâche repos,
J’entendis raconter les hauts faits du héros ;
Et soudain abjurant ma honteuse mollesse,
Aux armes, aux combats exerçant ma jeunesse,