Page:Delrieu - Artaxerce, Giguet et Michaud, 1808.djvu/38

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Arbace ?… à ta valeur je dois plus que la vie ;
Et je pourrais te voir victime de l’envie,
Après tant de hauts faits au mépris réservé !
Par qui ? par un ingrat que ton bras a sauvé !…
Ingrat ? moi ! non : jamais ! dût en ce jour mon père
Me punir, m’accabler de toute sa colère,
Je lui désobéis ; l’honneur m’en fait la loi.
Une gloire usurpée est indigne de moi ! (7

MANDANE.

Que j’aime à voir un prince aimé de la victoire,
Fidèle à l’amitié, modeste dans sa gloire,
Loin de s’enorgueillir d’un éclat séducteur,
Lui-même rendre hommage à son libérateur,
Et, faisant d’un vain faste un noble sacrifice,
Au séjour de l’envie écouter la justice !…
Mais ne puis-je savoir quel puissant intérêt
Fait subir au vainqueur un si cruel arrêt ?
Quel injuste soupçon, quelle haine cruelle
Arme le roi des rois contre un sujet fidèle ?

ARTAXERCE.

On le craint ; on l’accuse ; ah ! pour lui je frémis.
Il a dans ce palais de puissans ennemis.