Nicanor ?
Lui-même ! ignorez-vous le crime de ce traître ?
Banni depuis vingt ans, je ne le puis connaître,
Reine ! en songeant à lui, vous avez consulté
L’intérêt de l’état et votre sûreté.
De mon roi seulement je sais qu’il est le frère ;
Que le peuple le plaint, le chérit, le révère ;
Qu’il est infortuné… Terminez ses malheurs.
Fléchissez son audace en essuyant ses pleurs.
Il fut de nos guerriers l’amour et le modèle.
Envers lui soyez juste : il vous sera fidèle.
Daignez nous accorder un moment d’entretien ;
Son zèle à vous servir égalera le mien !
Son zèle ? Il fut toujours l’ennemi de sa reine.
Le temps qui détruit tout n’a pu fléchir sa haine.
Ce que vous promettez passe votre pouvoir.
Souffrez que je lui parle ; il fera son devoir.
Son devoir ?
Il défendra le trône ; il sauvera l’empire.
Touchée, ainsi que vous, des maux qu’il a soufferts,
J’avais jusqu’à ce jour craint de briser ses fers.