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Page:Delrieu - Démétrius, Ladvocat, 1820.djvu/72

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Votre zèle éprouvé, vos soins, votre prudence,
Tout m’invite à placer en vous ma confiance.
Héliodore enfin, garant de votre foi,
M’a répondu de vous ; seigneur, écoutez-moi :
C’est peu que Stratonice ici m’ait offensée ;
Un plus grand intérêt occupe ma pensée…
Lorsque Démétrius, à Rome emprisonné,
Par l’ordre du consul est mort assassiné,
On dit qu’un imposteur, qui sourdement conspire,
Ose prendre le nom d’héritier de l’empire.
On dit que, sans obstacle en ces lieux parvenu,
Au camp, par Nicanor, hautement reconnu,
Ce traître, ce rebelle insolemment se nomme
Le sauveur de l’Asie, et l’otage de Rome ;
On dit qu’il va paraître, et qu’un peuple inconstant
Dans la ville des rois et l’appelle et l’attend.
J’ignore si ce bruit ou m’abuse ou m’éclaire,
S’il me faut dédaigner ou craindre un téméraire.
Mais s’il vit, s’il est libre, il vient me détrôner.
Est-ce Rome, seigneur, que je dois soupçonner ?

DÉMÉTRIUS.

Justement indigné d’un faux bruit qui m’accuse,
J’ai peine à concevoir l’erreur qui vous abuse.
Vous parlez de soupçons, quand jusqu’ici mon bras…

LAODICE, l’interrompant.

Si je vous soupçonnais, vous n’existeriez pas !…

DÉMÉTRIUS, avec audace.

Ah ! reine !… contre vous Rome toujours cruelle
Fait revivre un proscrit assassiné par elle !
Sa haine arme en secret un faux Démétrius !
Vers lui guidez mes pas ; on ne le craindra plus !