Page:Deltuf - Idylles antiques, élégies, 1851.djvu/72

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Sous le feuillage épais de ces chênes antiques,
Nous trouverons de l’ombre et des sièges rustiques.
Suis-moi donc ! Il y va, Battus, songes-y bien,
De l’honneur d’un Hellène à vaincre un Libyen !
Triomphe, et deux chevreaux blancs, et faits pour te plaire,
Seront de tes exploits le champêtre salaire.

J’y veux joindre une coupe en bois de coudrier,
Vrai miracle de l’art, honneur de l’ouvrier :
Large, douce à la lèvre et de forme charmante,
Revêtue au dehors d’une cire odorante,
Elle respire encor, tant le travail est frais,
Le suave parfum des natales forêts.
Dedans est une femme : elle est jeune et bien belle,
Sous son voile d’azur ! S’empressant autour d’elle,
Superbement vêtus, deux fils de sénateurs
S’efforcent, à l’envi, d’obtenir ses faveurs.
Son cœur est insensible ; elle les laisse dire ;
Elle trône, amusant tantôt l’un d’un sourire,
Tantôt l’autre d’un mot. Attentifs, l’œil en feu,
Ils brûlent ; leur tourment pour elle n’est qu’un jeu.
Non loin d’eux, et debout sur des rochers arides,
Un pêcheur, dont le front est sillonné de rides,
Péniblement soulève un lourd filet. Tendus