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GÉRARD DE NERVAL


Une plus vive ardeur me viendrait animer.
Elle est donc à moi seul, dirais-je, puisqu’au monde
Il ne reste que moi qui puisse encor l’aimer !

Mais qu’osé-je prévoir ? tandis que la jeunesse
T’entoure d’un éclat, hélas ! bien passager,
Tu ne peux te fier à toute la tendresse
D’un cœur en qui le temps ne pourra rien changer.
Tu le connaîtras mieux : s’accroissant d’âge en âge,
L’amour constant ressemble à la fleur du Soleil
Qui rend à son déclin, le soir, le même hommage
Dont elle a, le matin, salué son réveil !…


« J’échappe à ces amours volages pour raconter mes premières peines. Jamais un mot blessant, un soupir impur, n’avaient souillé l’hommage que je rendais à mes cousines. Héloïse, la première, me fit connaître la douleur. Elle avait pour gouvernante une bonne vieille italienne qui fut instruite de mon amour. Celle-ci s’entendit avec la servante de mon père pour nous procurer une entrevue. On me fit descendre dans une chambre où la figure d’Héloïse était représentée par un vaste tableau. Une épingle d’argent perçait le nœud touffu de ses