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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/16

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au canada et chez les peaux-rouges

À l’acte d’union de 1840 succéda, en 1867, la réunion en une seule confédération du Haut et du Bas-Canada (Ontario et Québec), du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse auxquels furent adjoints peu après : le territoire du Nord-Ouest et le Manitoba, la Colombie anglaise, l’île du Prince-Édouard. Terre-Neuve n’adhéra point à la confédération. L’acte de 1867 reconnaît un gouverneur général, nommé par la Reine, et dont les pouvoirs sont d’un ordre presque exclusivement contemplatif. Le Parlement fédéral, siégeant à Ottawa, se compose d’un Sénat de 80 membres nommés à vie et d’une Chambre des communes de 216 membres élus. L’usage des deux langues, anglaise et française, y est facultatif ; la rédaction des procès-verbaux, des lois, de la Gazette officielle est obligatoire dans les deux langues. L’acte de confédération reconnaît la liberté de pétition, de réunion, de la presse, et consacre pour les Canadiens-Français le libre exercice de leur langue, de leur religion, de leurs coutumes. Le pouvoir exécutif est entre les mains d’un conseil des ministres. Enfin, chaque province est indépendante des autres, en ce qui concerne son administration intérieure dans le sens le plus large du mot. Elle est dotée d’un lieutenant-gouverneur, de ministres provinciaux et possède une Assemblée législative et un Conseil législatif, excepté le Manitoba, Ontario et la Colombie qui ne sont point pourvus d’une Chambre haute.

Le lien qui rattache le Canada à l’Angleterre est si fragile qu’il suffirait d’un souffle pour le rompre. L’Angleterre a toujours eu pour principe de laisser la plus grande liberté d’administration à ses colonies. Mais au Canada, cette liberté a pris de telles proportions qu’elle est devenue une véritable autonomie, presque une indépendance absolue ; le mot fait à peu près seul défaut. En effet, depuis l’acte de confédération de 1867, le Canada a la haute main sur tous les services. Il possède un pouvoir exécutif, un parlement, un budget, une milice, un tarif douanier, auquel sont soumis les produits anglais tout comme ceux des autres nations : il peut même conclure des traités de commerce, sous réserve de sauvegarder les apparences diplomatiques. S’il n’arrive pas jusqu’à avoir des représentants diplomatiques à l’étranger, il a toutefois trouvé le moyen d’avoir un commissaire général, non seulement à Paris, mais même à Londres, auprès du gouvernement de la métropole. La fonction de gouverneur général du Canada, déjà bien annihilée, devient