En effet, il réussissait à faire insérer dans l’acte d’union du Haut et du Bas-Canada, en 1840, que la langue anglaise serait la langue officielle du Parlement. Mais dès l’ouverture de la première session des nouvelles Chambres, celles-ci votèrent un bill autorisant l’usage de la langue française au Parlement. Et si un orateur anglais, sir Allan Mac Nab, se basant sur l’acte d’union, osa, en 1844, refuser de recevoir une proposition dont le seul défaut était d’être présentée en français, il ne fut pas longtemps sans encourir le blâme de la Chambre. L’usage du français fut maintenu et un acte de la métropole abolit, en 1848, la disposition de l’acte d’union relative à l’emploi de la langue anglaise. Depuis cette époque, les deux langues n’ont pas cessé un instant d’être traitées sur le pied de l’égalité.
Bien que le contact littéraire ait été, tout comme le contact politique, longtemps perdu entre la France et le Canada, les Canadiens d’aujourd’hui ont conservé avec une fidélité, qui n’a d’égale que leurs sympathies pour leur pays d’origine, et une pureté véritablement surprenantes, la langue que leurs pères leur avaient léguée. À ce sujet un ancien ministre canadien, dont la compétence en matière d’instruction publique est reconnue, M. P. J. O. Chauveau, écrivait il y a quelques années déjà :
Il est, en effet, curieux de remarquer que, tandis qu’en France les idiomes provinciaux sont encore, à l’heure actuelle, fortement enracinés, il n’existe pas de patois au Canada. La raison nous en est donnée par un écrivain distingué, M. Benjamin Sulte, dans une notice sur la Situation de la langue française au Canada, publiée au moment même de la visite de la délégation française. Le Canada présente la merveille de l’uniformité du langage :