Aller au contenu

Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
au canada et chez les peaux-rouges

peut-être sans exemple dans l’histoire des peuples. Le dernier recensement de la population, fait en 1881, a donné 4,324,819 habitants. Dans ce chiffre on compte 2,568,600 Anglo-Saxons (dont 957,403 Irlandais) ; 1,298,929 Français ; 254,319 Allemands ; 108,547 Sauvages. Dix ans auparavant, la population n’était que de 3,647,596 habitants et, en 1800, de 240,000 âmes seulement, ce qui fait une augmentation annuelle, depuis le commencement du siècle, de 21%, tandis que, dans la même période de temps, l’augmentation n’était que de 15% aux États-Unis. Le recensement de 1844 donnait encore la majorité à l’élément français dans l’ensemble des deux provinces du Canada, mais celui de 1852 constatait que la prépondérance était assurée à l’élément anglais, sans cesse alimenté par une émigration nombreuse venant de la Grande-Bretagne, tandis que l’élément français, bien que croissant d’une façon prodigieuse, ne se reproduisait que par lui-même, nulle assistance ne lui arrivant du dehors. C’est ainsi que le Haut-Canada anglais, qui avait 500,000 habitants en 1844, en comptait 952,000 en 1852. Aux mêmes dates, la population du Bas-Canada français ne s’élevait que de 697,000 à 890,000 âmes.

Il est facile de voir que l’acte de confédération, longtemps combattu par les Canadiens-Français, a eu pour conséquence de noyer ces derniers dans le flot des Anglo-Saxons ; mais grâce à l’autonomie que possède chaque province, l’élément français, qui se trouve pour les 4/5e dans la province de Québec, jouit, dans cette province, de la plus grande somme de liberté qu’il puisse désirer. Bientôt il y régnera en maître presque exclusif et déjà il déborde sur la province, si anglaise, d’Ontario. Si l’on ajoute aux 1,300,000 Français du Canada, — qui sont bien 1,500,000 aujourd’hui, les 6 ou 800,000 qui vivent aux États-Unis, on dépasse 2 millions. On voit que les 65,000 colons de 1763, dont ils sont tous les descendants, n’étaient pas dégénérés, et on juge facilement, par cet exemple, de la force de résistance et d’expansion que peut atteindre la race française, dont les facultés colonisatrices ne sauraient plus être méconnues. Nulle part, d’ailleurs, la race française n’a été aussi prolifique qu’au Canada ; les célibataires y sont rares, les mariages s’y font de bonne heure et les familles y ont une moyenne de 6 à 8 enfants, moyenne supérieure à celle des familles anglaises. Parfois le nombre des enfants, de même père et de