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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/25

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autrefois et aujourd′hui

même mère, atteint 25, et, quand ce chiffre est dépassé, le 26e enfant est élevé aux frais de la paroisse. C’est dans cette rapidité d’accroissement, tout à l’américaine, que réside le secret de la force des Canadiens-Français. Qui sait si, avec quelques renforts de France, ils ne parviendront pas un jour à reprendre la prépondérance et à fonder dans le nord de l’Amérique un grand empire français destiné à servir de contrepoids à la Confédération des États-Unis ?

Malheureusement pour les Canadiens, l’émigration de France est des plus minimes et la difficulté des transactions commerciales ne contribue pas à l’encourager. Sous ce rapport un tarif douanier fort élevé élève entre le Canada et la France une véritable barrière qui date de l’époque où le Canada voulut protéger et développer son industrie naissante. En 1860, le Canada avait été assimilé à l’Angleterre sous le rapport du régime d’introduction des produits français. Nos vins ne payaient alors qu’un schelling (1 fr. 25) par gallon, comme en Angleterre. Il en fut ainsi jusqu’en 1873. À cette époque eut lieu un changement de régime ; le Canada cessa de profiter des traités de commerce, non renouvelés et établit un tarif général des douanes. En 1879, une nouvelle augmentation de tarif se fit sentir ; les droits sur les vins furent frappés d’une surtaxe de 30%. Mais le gouvernement canadien se fit autoriser par le Parlement à rapporter cette surtaxe pour la France et l’Espagne, s’il le jugeait utile.

Cet état de choses, toujours en vigueur, n’a point favorisé le commerce français. L’exportation de France au Canada, qui n’était, en 1865, que de 1,709,000 francs, atteignait 9,848,000 francs, en 1874. Mais, depuis cette époque, date de l’établissement du tarif général, elle n’a cessé de décroître. Quant à l’importation du Canada en France, elle était de 2,145,000 francs en 1865 et, depuis ce moment, elle a suivi constamment une échelle ascendante.

À deux reprises, en 1882 et en 1883, des négociations ont été engagées pour arriver de part et d’autre à un abaissement de tarifs. M. Alexandre Galt, commissaire du Canada, offrait pour unique concession la suppression de la surtaxe de 30% et demandait l’abolition de la surtaxe d’entrepôt pour les produits canadiens importés par la voie d’Angleterre, une réduction de droits sur quelques articles (cuirs, coutellerie, etc.) et le traitement de la nation la plus favorisée.