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au canada et chez les peaux-rouges

grande consommation de liqueurs, et particulièrement de cocktails, ces boissons alcooliques que l’on trouve sur les points les plus reculés de l’Amérique du Nord et dont les variétés sont infinies. Les dames ont leur salon réservé et souvent même leur entrée particulière dans l’hôtel. Les hommes vont au fumoir qui leur tient lieu de salle de lecture et de correspondance. C’est là qu’on trouve en nombreux échantillons ce récipient évasé, indispensable à tout Américain à qui il sert de cible, le crachoir, et qui justifie malheureusement cette définition : «. Le crachoir est un ustensile autour duquel on crache ».

Ce rapide aperçu de la vie intérieure ne saurait se terminer sans faire remarquer que le pourboire est absolument inconnu en Amérique ; chaque chose est estimée à sa valeur vraie, et jamais un homme de service, cocher ou employé, ne reçoit la moindre bonne main.


À Halifax, les délégués français se scindent en deux groupes. Les uns, se laissant séduire encore une fois par les promesses de la Compagnie de navigation, se rembarquent sur le Damara pour se rendre à Québec par le détroit de Canso et le Saint-Laurent, et surtout pour visiter la rivière si pittoresque du Saguenay ; les autres, et c’est la majorité, montent dans le train du chemin de fer Intercolonial qui, en vingt-cinq heures, doit les mener à Québec.

Le service des chemins de fer, en Amérique, est organisé avec beaucoup de confort. Les wagons, dans lesquels on pénètre par une des extrémités, n’ont qu’un seul compartiment pouvant contenir quarante-huit personnes, et se trouvent en communication directe les uns avec les autres, ce qui permet d’aller et venir d’un bout du train à l’autre. Les sleeping cars ou wagons-lits, du système Pullmann, sont fort commodes. Le wagon entier forme un immense dortoir de vingt-quatre couchettes, superposées deux par deux et fermées par des rideaux. Un employé, qui est toujours un nègre, préside avec dignité à la transformation du wagon en chambre à coucher. Des banquettes et des placards dissimulés dans les parois du wagon sont extraits les draps, traversins et autres objets de literie indispensables. Aux extrémités du wagon se trouvent diverses petites pièces, notamment un cabinet de toilette toujours approvisionné d’eau glacée, un fumoir, etc. Des marchands ambulants parcourent les wagons en vendant des livres, des journaux,