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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/37

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d’halifax à québec

qui n’est point né sur les bords de la Garonne, ne fait que raconter ses impressions et tous ceux qui ont été acteurs ou témoins dans ces réceptions enthousiastes et patriotiques pourront attester la véracité de ce récit. Tous ont été vivement émus des témoignages de sympathie et d’affection qui, passant par-dessus leur personnalité, s’adressaient à la France.

Depuis que le chemin de fer a quitté les bords de la baie des Chaleurs, les grandes forêts ont cessé de former la haie sur le passage du train. Le pays est assez cultivé et, de temps à autre on découvre une ferme ou un groupe d’habitations. Aux abords des tranchées se dresse souvent un rempart de planches ayant pour but de protéger la voie contre les rafales de neige. Dans les endroits les plus exposés, on a construit une galerie en bois qui recouvre entièrement la voie. Bientôt apparaît à l’horizon une immense nappe d’eau : c’est le Saint-Laurent, le plus beau fleuve de l’Amérique du Nord, dont la largeur est telle, à son embouchure, qu’il est impossible d’apercevoir la rive opposée.

Mais la contemplation de cette belle nature cesse presque aussitôt : nous arrivons à Rimouski, premier centre important de la province de Québec, et une foule énorme se presse aux abords de la gare pour nous saluer au passage. Le maire, le conseil de ville, les députés de la région, les représentants du clergé, de la magistrature, les notables de tout ordre, un groupe nombreux de dames sont là pour nous souhaiter la bienvenue. Ce n’est pas sans émotion que je reçois des mains de M. Asselin, maire et membre du Parlement de Québec, la première adresse, simple et touchante de cordialité et de patriotisme. À peine ai-je fini d’adresser, au nom de la délégation, quelques paroles de vive sympathie, qu’une salve d’applaudissements nourris part des rangs des Canadiens à l’adresse de « leurs compatriotes ».

C’est en vain qu’un essaim de jeunes et charmantes Canadiennes cherche à découvrir les dames françaises. Toutes, hélas ! ont pris la voie de mer pour se rendre à Québec, et, en leur absence, ce sont les jeunes de la délégation qui reçoivent, avec accompagnement des plus gracieux sourires, les bouquets de fleurs que les Canadiennes destinaient aux dames françaises. Lorsque le train se remet en marche, tous les chapeaux se lèvent, les mouchoirs s’agitent, et, au milieu de l’émo-