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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/47

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QUÉBEC

Mais ces travaux n’eussent pas été complets sans la construction d’un bassin de radoub permettant de réparer les bateaux en toute circonstance. Cette création était d’autant plus indispensable qu’aucune installation de ce genre n’existe encore au Canada. C’est sur la rive droite du Saint-Laurent, à Saint-Joseph-de-Lévis, qu’on a entrepris de creuser dans le roc vif un bassin de 180 mètres de longueur sur 33 de largeur et 8m,75 c de profondeur sur le seuil. Mais, à la suite d’infiltrations qui se sont produites aux cours des travaux et qui ont singulièrement dérangé les prévisions des ingénieurs de Londres, la longueur du bassin a dû être réduite à plusieurs reprises et ramenée, en fin de compte, à 165 mètres. Cette longueur est à peine suffisante, car les paquebots, les plus grands il est vrai, atteignent déjà une longueur de 155 à 160 mètres, et peut-être ces dimensions grandiront-elles encore. Les travaux commencés en 1878 auront demandé 8 années. Les sommes dépensées jusqu’au commencement de 1885 pour le bassin de radoub étaient de 634,000 piastres, et 50,000 autres étaient encore jugées nécessaires par les ingénieurs. C’est donc une somme de 2,366,000 piastres — près de 12 millions de francs — qui aura été dépensée pour l’amélioration du port de Québec. Grâce à ces magnifiques agrandissements coïncidant avec l’ouverture du chemin de fer du Pacifique, la vieille cité canadienne retrouvera sans doute un peu de cette animation commerciale qui faisait mine de vouloir l’abandonner au profit de concurrents mieux outillés.

La navigation du Saint-Laurent ne dure que sept mois, de la fin d’avril à la fin de novembre en général, car, pendant l’hiver, le fleuve est bloqué par les glaces.

Sous la conduite des membres de la commission du havre, les délégués français s’embarquent sur le Pilote pour visiter les travaux en cours. En entrant dans le bassin « Louise », ils se voient salués par les sifflets stridents de tous les chalands, dragues et grues à vapeur. C’est, pendant cinq minutes, une cacophonie épouvantable, laissant bien loin derrière elle toutes les symphonies les plus burlesques, où dominent les notes les plus aiguës et les plus rauques. Le Pilote, après avoir promené les délégués au milieu de tous les travaux, remonte le Saint-Laurent en amont de la ville jusqu’au cap Rouge, entre deux rives verdoyantes et boisées, redescend à Saint--