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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/59

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montréal

Aux portes de Québec s’étend une région accidentée et boisée que traverse le chemin de fer, qui conduit au lac Saint-Jean. Ce chemin de fer est une véritable voie de pénétration qui a pour but d’amener directement à Québec tout le trafic des bois du bassin du lac Saint-Jean et du Saguenay, et d’ouvrir de nouveaux cantons à la colonisation. La Compagnie du chemin de fer a mis un train spécial à la disposition des délégués pour leur faire parcourir la section livrée à l’exploitation. La voie monte fréquemment, car il faut franchir la chaîne des Laurentides. Lorsqu’on a traversé la rivière Jacques-Cartier, au cours sinueux et aux bords pittoresques, on se trouve presque toujours au milieu de la forêt. Près de la station de Saint-Joseph se trouve le joli lac de ce nom, dans un cadre de verdure et de montagnes boisées qui rappelle les sites charmants de ces lacs d’Écosse que le pinceau de Gustave Doré reproduisait avec tant de charme.

À Saint-Raymond, le pavoisement de la gare, les vivats des habitants et une adresse de bienvenue du conseil municipal nous font sortir de la période de contemplation et nous rappellent que nous sommes revenus à la vie civilisée. Mais le ciel, jusqu’ici couvert, ouvre sans ménagement ses réservoirs. Les habitants sont désolés de ne pouvoir montrer leur installation et leurs bois ; mais, en revanche, ils nous font faire connaissance avec les chansons populaires du Canada, tantôt pleines de gaîté, d’originalité et d’entrain, tantôt graves, langoureuses ou monotones. C’est ainsi que défilent tour à tour la Huronne, au rythme sévère et magistral, la Canadienne, chanson nationale du pays, à la fois joyeuse et bizarre dans son style et d’une allure musicale alerte et entraînante. Le refrain donne une idée du tour d’esprit de la chanson :

Vive la Canadienne,
Vole, mon cœur, vole,
Vive la Canadienne
Et ses jolis yeux doux.
Et ses jolis yeux doux, doux, doux,
Et ses jolis yeux doux.

La séance se termine par l’audition de la Claire Fontaine, dont la mélodie a le défaut de manquer de variété, mais dont les paroles ont un véritable cachet d’originalité. « Depuis le petit enfant de sept ans jusqu’au vieillard aux cheveux blancs, dit M. Ernest Gagnon, dans