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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/68

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AU CANADA ET CHEZ LES PEAUX-ROUGES

Pour avoir une idée d’ensemble de Montréal, il faut faire l’ascension du Mont-Royal, qui a donné son nom à la ville. Grâce au conseil municipal, qui a voté un crédit pour la réception des délégués, l’ascension se fait sans fatigue, car toute une file de voitures nous transporte à destination par un chemin pittoresque qui gravit en zigzags les flancs boisés de la montagne où l’on a dessiné un parc. De la terrasse du Mont-Royal se déroule un magnifique panorama. Au premier plan s’étend toute la ville de Montréal avec sa multitude de toits, les flèches de ses églises et les deux grandes tours de la cathédrale qui dominent toute la ville. Au delà, coule dans toute sa majesté le Saint-Laurent, aux larges bords, aux îles nombreuses, dont quelques-unes, comme l’île Sainte-Hélène, sont des lieux de pique-nique fort à la mode. L’île Sainte-Hélène n’a aucun rapport avec Napoléon Ier comme on serait tenté de le croire au premier abord ; elle tire son nom d’Hélène Boulé, femme de Champlain, de même que l’île Saint-Paul, sa voisine, est ainsi dénommée en l’honneur de M. P. de Maisonneuve. Le pont tubulaire qu’on aperçoit sur le fleuve est le pont Victoria, un des plus grands du monde, car sa longueur dépasse 2,000 mètres ; le chemin de fer, pour lequel il a été construit, met quatre minutes à le traverser. Cette œuvre a demandé quatre années de travail et a coûté 30 millions de francs. Si sa longueur fait son mérite, par contre son élégance et l’harmonie de ses lignes laissent fort à désirer.

Le Mont-Royal possède encore son caractère demi-sauvage, mais la ville, qui en a acquis la propriété à grands frais, y multiplie les voies d’accès et le transforme en un vaste parc qui sera une des plus pittoresques promenades de la vallée du Saint-Laurent.

Sur l’un des flancs de la montagne s’étend le cimetière protestant, qui occupe une superficie considérable, et se présente sous un aspect qui n’a rien d’attristant. On n’y rencontre point cette sombre végétation, cet aspect morne et sévère qui, d’ordinaire, vous impressionnent et vous invitent au silence et au recueillement. Non, c’est, un véritable jardin, traversé par de jolies allées, plantées d’arbres et bordées de côté et d’autre par des corbeilles de fleurs admirablement entretenues. De riches mausolées, un certain nombre de belles colonnes de granit, recouvrent des concessions. L’une des allées porte le nom de « Locuste ». Serait-elle réservée aux victimes du poison ? Une