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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/70

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AU CANADA ET CHEZ LES PEAUX-ROUGES

Si la grande navigation s’arrête à Montréal, cela tient à ce qu’en amont de cette ville le Saint-Laurent est barré par des rapides. C’est le nom qu’on donne aux points où la présence de blocs de rochers au fond du lit du fleuve occasionne un remous et des tourbillons, qui entravent, et souvent empêchent complètement la navigation. S’il est relativement facile de descendre les rapides, il est presque impossible de les remonter, et, pour ne pas arrêter la navigation il a fallu créer des canaux latéraux au Saint-Laurent. Le premier canal que l’on rencontre est celui de Montréal à Lachine, petit village ainsi nommé parce que les premiers explorateurs qui s’arrêtèrent en cet endroit croyaient trouver par là la route de la Chine, de même que Christophe Colomb, abordant aux Antilles, croyait avoir découvert la route directe des Indes. En face de Lachine sur la rive droite du Saint-Laurent, se trouve le village indien de Caughnawaga, où se trouvent les derniers Iroquois, presque aussi civilisés que les Hurons, mais plus nombreux que ceux-ci, car ils sont encore 1,400.

Sauter les rapides est une chose fort simple telle que nous allons la faire, c’est-à-dire en bateau à vapeur. Cette expression sauter, fort exacte pour un canot que le remous des eaux agite en tous sens, perd presque entièrement sa valeur lorsqu’il s’agit d’un gros bateau. Le rapide, à peine signalé par la blancheur de ses eaux formant raie sur le fleuve, tout le monde se précipite sur le pont. On regarde avec curiosité, mais sans anxiété, car le passage n’a rien d’effrayant. La modification subie par le niveau du fleuve ne se traduit que par une légère oscillation du bateau. Par contre, les vagues déferlent contre l’avant et parfois même éclaboussent les passagers. Quatre hommes tiennent constamment la barre, et le vapeur, qui a arrêté sa machine, se laisse un moment entraîner par le courant, mais ce n’est que l’affaire, d’un instant. Le même effet se produit au Wildstrubel, sur le Danube, entre Linz et Vienne, dans un cadre plus sévère mais beaucoup moins étendu.

À Montréal, bien plus qu’à Québec, la presse, française est puissante et répandue, et les organes politiques qui s’y publient donnent généralement la note dans tout le Dominion. Leur format est plus considérable, leur tirage plus élevé, leurs nouvelles plus fraîches, ce qui leur permet de paraître deux et trois fois par jour.