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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/71

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MONTRÉAL

La doyenne des gazettes est la Minerve. Fondée le 8 septembre 1826 par Ludger Duvernay, le grand patriote canadien-français qui créa la Société nationale de Saint-Jean-Baptiste, elle eut pour premier rédacteur Morin, qui devint par la suite, le chef du parti français au Parlement, et fut premier ministre. Morin eut pour principal collaborateur Léon Gosselin, qui lui succéda comme rédacteur en chef vers 1832. Les premières années de la Minerve furent consacrées à défendre la cause française et les droits populaires contre le parti anglais et bureaucrate. Cette lutte, qui durait au Parlement depuis un demi-siècle, aboutit à l’insurrection de 1837, qui fut noyée dans le sang. Le propriétaire de la Minerve, impliqué dans les troubles, fut alors exilé et son journal suspendu. La publication en fut reprise après l’acte d’union, en 1841.

Au moment de sa suppression, la Minerve avait parmi ses collaborateurs M. Aubin, qui depuis fonda le Castor à Québec, puis le Fantasque, qui eut son heure de succès. M. John Phelan, Irlandais dévoué à la cause française, faisait également partie de la rédaction à ce moment et revint au journal au moment de sa réapparition. De 1845 à 1847 la Minerve eut pour directeur Antoine Gérin-Lajoie, un des littérateurs les plus distingués et les plus populaires du Canada. Encore assis sur les bancs du collège il avait publié une tragédie, le Jeune Latour ; il est aussi l’auteur de Jean Rivard, roman en faveur de la colonisation, qui fut populaire. De 1847 à 1855, M. R. Bellemare, écrivain et bibliophile distingué, fut à son tour rédacteur en chef. Il resta directeur du journal jusqu’en 1870, mais en n’y apportant plus qu’une collaboration moins assidue.

Vinrent ensuite M. Joseph Royal, depuis ministre au Manitoba, député du comté de Provencher, à la Chambre des communes, et chef reconnu du parti français et catholique dans le Nord-Ouest ;[1] M. Provencher, depuis à la Presse ; M. Arthur Dansereau, polémiste vigoureux, enfin M. Joseph Tassé.

Parmi les rédacteurs qui ont apporté dans ces dernières années leur concours à la Minerve, il faut citer M. Trudel, depuis directeur de l’Étendard ; M. Evariste Gélinas, aujourd’hui décédé, dont le pseudonyme était Carl Tom ; M. Elzéar Gérin, rédacteur au Journal de Paris à la fin du règne de Napoléon iii, actuellement conseiller législatif ;

  1. Actuellement lieutenant-gouverneur du Nord-Ouest.