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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/73

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MONTRÉAL

servateur modéré, qu’il prit le nom qu’il porte actuellement. M. Siméon Lesage, aujourd’hui sous-ministre des travaux publics à Québec, succéda à M. Royal comme rédacteur en chef. Vinrent ensuite M. Cléophas Beausoleil, passé depuis dans le camp libéral ; M. Alphonse Desjardins, aujourd’hui président de la banque Jacques-Cartier et représentant d’Hochelaga aux Communes, où il jouit d’une grande influence parmi la députation française ; M. Frédéric Houde, ancien député de Maskinongé à Québec, mort en 1883 ; M. F. X. Demers ; MM. Provencher et Blumhart, que nous retrouverons à la Presse, et enfin M. Fabien Vanasse, député d’Yamaska aux Communes, entre les mains duquel se trouve la direction du Monde depuis 1884. Le journal appartient à la Compagnie d’imprimerie et de publication du Canada, refondue depuis 1884, et qui en a toujours eu la propriété.

Le Monde a trois éditions par jour : midi, 3 et 5 heures, au prix de 1 centin le numéro ou 3 piastres par an. Le samedi paraît un supplément littéraire. Le tirage moyen est de 14 000 exemplaires ; le samedi il atteint 18 000. En outre le Monde a une édition hebdomadaire de huit pages, résumant tous les faits de la semaine, dont le tirage arrive à 15,000 exemplaires, destinés, pour les deux tiers, aux Canadiens des États-Unis. Le Monde est un journal de nouvelles et une feuille populaire. Il peut revendiquer l’honneur d’avoir créé, dans la presse française, le journal à bon marché, rempli de renseignements et de nouvelles, politiques aussi bien que variées. Il est fait sur le modèle des grands journaux anglais. Pour un sou il donne quatre grandes pages d’impression, à huit colonnes chacune avec des caractères très fins ; aussi le lecteur ne peut-il se plaindre de ne pas en avoir pour son argent. Comme opinion politique le Monde soutient les intérêts conservateurs et reçoit les inspirations de sir Hector Langevin, ministre des travaux publics à Ottawa.

Tout autre est le journal la Patrie.

Le 23 février 1879, au lendemain de la disparition du National, organe libéral du district, mort d’anémie après avoir longtemps végété, un groupe de libéraux se trouvait réuni chez le sénateur Thibaudeau. Il s’agissait de trouver tout de suite un successeur au défunt. Pour cela il fallait une direction, un local et des fonds. La chose semblait impossible, car il était admis qu’un journal de langue française ne