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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/8

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au canada et chez les peaux-rouges

lorsque nos marins mirent pied à terre dans la vieille cité si française de Québec, ce ne fut plus de l’enthousiasme, mais du délire. Le drapeau tricolore, qui flottait à toutes les fenêtres, n’a pas cessé, depuis ce jour, d’être arboré par les Canadiens-Français dans toutes leurs fêtes nationales et dans les cérémonies solennelles.

Ces faits ne pouvaient passer inaperçus en France. Aussi le gouvernement de Napoléon III conçut-il le projet de créer à Québec un consulat général de France. Un décret rendu en 1860 mettait à exécution ce projet et nommait le premier titulaire de ce poste.

Lorsqu’eut lieu l’expédition du Mexique, des Canadiens prirent du service dans les rangs du corps expéditionnaire français, et lorsqu’en 1870 nos désastres furent connus sur les rivages canadiens, les sympathies douloureuses ne manquèrent pas à nos représentants, pas plus que les secours à nos blessés et, plus tard, les souscriptions pour la libération du territoire.

D’un autre côté, d’intéressantes publications apprenaient à la France que son souvenir était pieusement conservé sur les rives du Saint-Laurent. M. Xavier Marinier, un des premiers, faisait cette révélation ; M. Edme Rameau de Saint-Père retrouvait, pour ainsi dire, les Acadiens et les faisait connaître, non seulement à ses compatriotes, mais encore aux Canadiens eux-mêmes qui n’avaient point de rapports avec eux et ne possédaient sur leur compte que des données fort incomplètes. Puis, suivant la voie si bien tracée, MM. H. de Lamothe, Gustave de Molinari, Fr. Gerbié, pour ne citer que les ouvriers de la première heure, faisaient part de leurs impressions et de leurs savantes et consciencieuses recherches sur le Canada.

L’Exposition universelle de 1878 à Paris permettait à la masse du public de faire connaissance avec les ressources et les produits du Canada et de les faire apprécier à leur juste valeur. Enfin la création à Paris, en 1882, d’un commissariat général du Canada, dont le titulaire est encore M. Hector Fabre, la fondation d’un journal spécial Paris-Canada, ne pouvaient que contribuer à renouer des liens d’amitié et de commerce trop longtemps détendus entre Français et Canadiens. Une grande excursion transatlantique devait, une fois de plus, faire éclater au grand jour les sentiments de sympathie et d’estime mutuelle que les deux nations ressentaient l’une pour l’autre.