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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/9

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autrefois et aujourd′hui

Dans le courant du mois de janvier 1885, une délégation se formait à Paris dans le but de visiter le Canada, à l’occasion de l’inauguration d’une ligne franco-canadienne de paquebots reliant directement le Havre à Halifax. Cette délégation, forte de 54 membres, se composait principalement de représentants de la presse, de délégués des sociétés savantes, des chambres syndicales et de commerce, d’ingénieurs, de négociants, d’industriels, etc. Un certain nombre de dames faisaient partie de l’excursion.

Le 4 août, dans la nuit, le Damara, inaugurant le service de la ligne canadienne, quittait le port du Havre, emmenant avec lui environ 80 personnes, tant passagers qu’émigrants. Ce paquebot, sorti des chantiers de Glascow, était solidement construit, mais avait le tort de ne filer en moyenne que 10 nœuds à l’heure. Ce tort était d’autant plus grave pour un paquebot neuf qu’aujourd’hui toutes les lignes de passagers desservant les États-Unis et le Canada font de la rapidité du trajet une question de succès et atteignent en moyenne au moins 16 à 18 nœuds à l’heure, tout en joignant le confort à la vitesse. Tel n’était pas précisément le cas du paquebot de la ligne franco-canadienne. Cette ligne n’avait, du reste, de français que le nom ; le matériel, le personnel, la direction, les intérêts, le langage, tout était exclusivement anglais, même la façon de comprendre les engagements. On est bien obligé d’avouer que, pour faciliter les rapports entre la France et le Canada français, l’essai n’était pas très heureux. Aussi ne fut-on pas surpris d’apprendre, quelque mois plus tard, que la nouvelle ligne avait cessé d’exister.

Mettant à profit les longues heures de la traversée, les membres de la délégation constituent un bureau et mettent à sa tête, comme président, M. G. de Molinari, que son expérience, ses voyages aux États-Unis et au Canada semblaient indiquer tout naturellement pour occuper ce poste. En outre, à la suite de plusieurs réunions, se constitue également, sous l’inspiration et sous la présidence de M. Ed. Agostini, une Association française canadienne, dans le but de resserrer les liens commerciaux unissant la France et le Canada, et de diriger vers ce dernier pays l’émigration française trop souvent perdue, sans aucun profit pour la mère patrie, dans des pays de race et de mœurs différentes.