Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/111

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et gris, qui tenait les paupières baissées et fit un grand signe de croix. Il avait une figure rase et pâle de vicaire pauvre ; derrière son bonnet blanc de cuisinier, ses cheveux noirs et lustrés poussaient en forme de queue de canard.

— Un amoureux, dit Martine en le désignant à Jasmin. Il est encoqueluché de moi.

Le bonhomme protesta doucement en joignant les mains comme pour la prière.

— Jarnigoi ! Défroqué du diable, pas de grimace ! s’écria le chef en riant.

— Défroqué ? interrogea Jasmin.

— Oui, dit Martine, Agathon Piedfin, que voilà, porta la tonsure et prépara la cuisine chez les Prémontrés. Aujourd’hui il est le galant marmiton. Il m’a cueilli ce bouquet.

Devant l’assiette de Martine plongeaient dans un verre des pensées, des jonquilles, des marguerites tressées en une sorte de palme telle qu’on en voit sur les reposoirs.

— C’est d’un très joli arrangement, dit Buguet.

— Oh ! fit Agathon avec la moue d’un confesseur indulgent.

— Et vous m’avez l’air d’un rival fort dangereux, continua le jardinier.

— Je n’ai qu’un amour, déclara onctueusement Agathon Piedfin, c’est celui de la très Sainte Vierge Marie.