Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/114

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— L’eau dont je l’ai aspergée pour la ranimer, se dit-il.

Il caressa doucement la robe.

— Martine, il faut être bien belle pour porter ces atours ?

— Nenni, ces affiquets enjolivent même les laides !

Martine ajouta avec une pointe de jalousie :

— Si tu voyais Mme d’Étioles à son réveil ! Elle a les yeux plus fripés que fripons ! … Ah ! Si je m’avisais un jour d’être marquise !

Elle lança à Buguet le regard que Mme d’Étioles avait jeté à Louis XV en ôtant son masque au bal. Il tressaillit.

— Tiens ! Retourne-toi et reste coi, dit-elle.

Docile Buguet regarda par la fenêtre les pelouses désertes.

— Vois ! s’écria tout à coup la soubrette.

Rapide comme une baladine qui change de costume dans une farce, Martine avait mis la robe de Mme d’Étioles. Elle s’approcha de Jasmin, passa ses bras autour de son cou et lui lançant un de ces regards qu’il n’avait revus qu’en rêve :

— Mon amant, soupira-t-elle, mon cœur languissait. Je me mourrais d’ennui loin de toi.

Ah ! le son de cette voix, et les fraîches blancheurs d’une poitrine jeune, d’un col renversé où gazouillait le désir, et le frôlement de fines malines sentant