Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la bête au pied des bouleaux, parmi la fougère. Ils jappent et traînent leurs oreilles basses dans les feuilles mortes et les taches de soleil, tandis qu’au fond de la route, à la clairière de Bellecroix, des piqueurs galopent en habit rouge. Jasmin reconnaît la livrée du Roi.

Pour ne pas être pris dans une chevauchée, il gagne la croix du Grand-Veneur et par la Route Royale qui vient de Paris et que distinguent des bornes marquées de fleurs de lys, il descend vers Fontainebleau. La voie sylvestre découvre une vaste part du ciel et se borde de façades de verdures, avec les dômes puissants des chênes ; les chemins de traverse apportent le tintamarre des chasseurs et laissent voir, à quelque orée lointaine, le passage de chevaux blancs et d’hommes chamarrés.

Bientôt voici les maisons de Fontainebleau. Buguet va remiser sa carriole à l’auberge de l’Ane-Vert. Puis il se dirige vers le château, comme l’a recommandé Martine ; il arrive devant la façade et entre dans la cour du Cheval-Blanc. Par cette joyeuse matinée le soleil enflammait les briques et les ardoises des architectures seigneuriales. Les toits des pavillons brillaient sous un ciel de turquoise où couraient quelques légers nuages. Un coin de l’immense cour était dans l’ombre : si quelque valet en sortait, il brillait comme une fleur qu’on expose à l’air. L’un d’eux se précipita vers Jasmin