Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/127

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deux parts d’une fraise mûre, ils fermèrent les yeux, leurs mains se cherchaient.

— Ne restons pas ici, susurra Martine d’une voix soudain tremblante, on pourrait nous surprendre.

Elle entraîna Jasmin dans sa petite chambre réservée dans les anciens appartements de Mme de Maintenon et elle poussa le verrou.

Aussitôt Buguet la prend dans ses bras, la dévore de baisers. Les parfums de la Marquise se réveillent dans les chairs de la jolie fille : le jardinier reconnaît l’arôme du flacon que jadis lui a donné Martine et les odeurs de fraccinelle surprises à Sénart. Le charme exquis l’enivre à nouveau et attise follement sa jeunesse. Fermant les yeux, il boit avidement les perles d’eau qu’il vient de voir aux hanches de la favorite et qui scintillent sur les bras de Martine. Il lui paraît que c’est la nymphe tout à l’heure entrevue qu’il enlace et couvre des attouchements fiévreux de ses lèvres. Les boutons du corsage de Martine sautent, un sein s’échappe : Buguet croit voir un de ceux dont la blancheur brillait au-dessus du bain. Martine est poudrée comme sa maîtresse, elle a le même sourire, avec un rien de fard aux lèvres. Ses yeux se noient en une tendre nonchalance, ils passent des noirs de la mûre aux bleus de la pervenche et rappellent les regards de la dame d’Étioles quand elle se ranima le jour de la grande chasse.