Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/130

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Elle le poussa par le bras. Ils entrèrent dans la pièce où se trouvait la baignoire de porphyre flanquée de son fond mouillé en mousseline brodée ; l’atmosphère moite fit rougir Buguet. Puis Martine glissa son amant dans l’entrebâillement d’une porte. Il se trouva en présence de Mme de Pompadour.

Entourée de paravents qui lui faisaient une chambre plus intime dans une grande salle au plafond noir, elle était assise sur le fauteuil léger qu’on appelle «mirliton», tout près de la fenêtre. Sa robe vert-pomme et cerise disparaissait sous un peignoir de percale : ses femmes la poudraient. L’une d’elles pressait le soufflet : la poussière blanche voletait autour du visage de la Marquise qui tenait un cornet devant ses yeux. À côté se dressait une table de coiffure chargée de boîtes à mouches, de peignes et d’un gracieux miroir au-dessus duquel une petite colombe dorée couvrait amoureusement sa compagne.

Jasmin tournait son chapeau dans ses doigts. La Marquise relevant son cornet :

— Je vous reconnais, dit-elle. Je ne vous ai vu qu’à Lieusaint et à Étioles. Mais vous fûtes obligeant pour moi. Quant à vos fleurs je les trouve ravissantes. Ne rougissez pas ! Vous avez des espèces de tulipes et de jacinthes que je ne connaissais point. C’est joli comme le carnaval à Venise ! Les couleurs