Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/137

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D’autres jours, le vénérable curé, en dégustant un verre de vin, exhortait l’amoureux à la patience.

— Il faut en avoir chez les grands. Ils ne songent pas tous les jours à leurs sujets et à leurs promesses. Mais vous pouvez être sûr de la fidélité de Martine. Je lui ai enseigné la religion, et je connais son cœur. D’ailleurs la patience est une vertu chrétienne. Combien d’années Job respira-t-il sur son fumier et saint Siméon le Stylite sur sa colonne ? Ils ne vivaient pas comme vous parmi les roses.

En octobre Jasmin n’alla point aux vendanges. Un jour de ce mois que la mère Buguet entrait chez elle avec une citrouille sous le bras :

— On dirait que tu portes la roue de la fortune, lui jeta Jasmin.

— Il vaut mieux la tenir que de courir après sur les routes de Paris et Versailles !

La vieille avait fini par souhaiter que son fils n’épousât point Martine.

— On dit pis que pendre de Mme d’Étioles, insinua-t-elle. Des gens de condition qui traversaient Melun, il n’y a pas longtemps, racontaient que c’est une intrigante de basse naissance qui fait la honte de la France, qu’elle est la fille d’une maquerelle et d’un voleur !

— Ils ont menti ! hurla Jasmin rouge de colère. J’eusse été là que j’aurais arraché leur langue ! Le Roi admettrait-il pareille femme à la cour !