Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/14

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Martine avait obéi. C’est pourquoi dès l’aurore Jasmin coupait les fleurs de six grands lauriers roses qui dans leurs caisses peintes en vert clair s’alignaient devant sa maison.

Ah ! C’est bien pour l’amour de Martine qu’il abattit d’un coup ces rameaux qui balançaient au vent leurs calices parfumés ! Il les sacrifia tous : la maisonnette fit grise mine, sa parure enlevée, et ce fut avec mélancolie que Jasmin couvrit la grande corbeille où il avait couché les jolis nériums, après avoir eu soin d’envelopper chaque branche de mousse humide.

À six heures une charrette s’arrêta devant la porte ; c’était Rémy Gosset, le parrain à Martine. Il venait prendre les fleurs : « Ça ne le gênait guère, car il allait à Corbeil porter son beurre, son fromage et ses œufs. »

Jasmin veilla à ce que le précieux envoi ne fût pas déposé sur les caisses à fromages : il l’installa lui-même au-dessus des paniers d’œufs et fît promettre au bonhomme de se rendre d’abord au château d’Étioles.

— J’y serai sur le coup de neuf heures, affirma Gosset.

Il fit serment de remettre la corbeille à Martine elle-même, afin que personne ne laissât traîner au soleil la délicate marchandise.

D’un coup de fouet il enleva son bidet : la bâche verte