Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/15

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de la charrette tourna dans la ruelle et disparut.

Jasmin resta sur la route et suivit des yeux le courant de la Seine : des bateaux de Bourgogne descendaient vers Paris des tonnes cerclées de neuf et avançaient lentement dans le brouillard du matin.

Comme le jardinier les regardait, une fenêtre de la maison s’ouvrit et une vieille femme en bonnet de nuit apparut :

— Jasmin ! Jasmin ! Arrive donc ! cria-t-elle.

— Voilà ! voilà ! mère !

Quand il rentra, la vieille était descendue. Elle apostropha gaiement son fils :

— Eh bien, mon gars ! T’as la puce à l’oreille ? C’est-y pour voir couler la Seine que tu t’es levé si tôt ? À ton aise, après tout ! Les cuisse-madame et les mouille-bouche sont cueillies. Les calvilles peuvent attendre. Déjeune !

Elle poussa sur la table une miche, du lard et un cruchon. Jasmin sortit un couteau de sa poche, se servit, mangea, but à même la cruche.

— L’aurore creuse l’estomac, dit-il.

La mère allumait une flambée de sarments sous le trépied, au milieu de la grande cheminée. Le fagot fuma : la vieille n’en fut point gênée ; elle se versa du lait dans une écuelle en terre, qu’elle mit sur les flammes ; puis elle tailla quelques tranches de