Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/140

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d’oignons et lui firent manger sans qu’il s’en doutât son pigeon, son saint Esprit, aux petits pois. Il en a pleuré et j’eus pitié de lui. »

Jasmin se sentait envahi par un secret désespoir. Ses joues devenaient maigres, son front soucieux. Il délaissait ses plantes, négligeait son jardin, ne lisait plus que les missives de Martine qu’il portait sur lui, avec le billet paraphé par la Pompadour.

Enfin au bout de l’année, il reçut une grosse nouvelle : « J’arrive à Boissise en avril prochain ; nous nous marierons en mai et nous partirons retrouver Mme de Pompadour. » C’était signé MARTINE en grande écriture joyeuse.

Le mariage eut lieu dans les premiers jours de mai 1748.

La veille, un vendredi, une lourde patache s’arrêta devant la maison du jardinier. Un long personnage maigre en sauta, leste, et pirouetta sur lui-même.

— Buguet ! s’écria-t-il. Buguet ! Est-ce ici ?

Jasmin apparut.

— Agathon Piedfin !

— C’est moi-même ! Mme la marquise de Pompadour me charge d’apporter des présents pour le repas de noce et d’accommoder les mets pendant que les mariés seront à l’église.