Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/16

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pain bis : quand l’ébullition commença, elle les jeta dans le lait, sala, poivra et laissa mijoter.

Ces préparatifs firent tousser Jasmin.

— Je vais prendre l’air, dit-il.

— C’est la fumée qui te chasse, fieu ! Va sentir d’où le vent vient ! Tu me le diras !

Jasmin sortit. À ce moment le ciel devint plus transparent. Sur l’eau flottaient des brumes : avides de lumière autant qu’amoureuses de l’onde, elles tiraient vers le ciel et trempaient leurs gazes dans le fleuve endormi.

Soudain la brise réveilla tout à fait la Seine ; dans un frémissement, sous le soleil pâle en sa rondeur d’hostie, l’eau se pailleta d’argent. Ébloui, Jasmin regarda les spirales opalines que le vent poussait contre les buissons.

Il adorait la rosée ; il aimait à surprendre ses diamants près d’une cétoine verte, au cœur des « cuisses de Nymphe ». Ce matin elle le fit songer aux mois déjà passés. Vraiment cette année le printemps avait opéré le miracle des roses. La Fête-Dieu en était restée inoubliable : les rues avaient été jonchées de pétales, les reposoirs enguirlandés de branches fleuries et la petite église avait ressemblé à un temple de l’Amour.

Aujourd’hui on payait cette débauche. Jasmin jeta un regard à ses rosiers épuisés par un trop fougueux renouveau : l’été était mort et ils ne portaient