Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/156

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corde attachée au mât. Parfois celle-ci, se détendant et frôlant l’eau rosie par le matin, y faisait comme le feu à une traînée de poudre. Les mariniers sur le pont se préparèrent une soupe dans une huguenote. L’onde était calme ainsi qu’un miroir.

Le coche fut bientôt en vue de Boissise-la-Bertrand, devant laquelle il fallait repasser. La Buguet était au bord de la Seine avec Tiennette. Elles firent des gestes d’adieu. Jasmin regarda sa mère aussi longtemps qu’il put ; lorsque le bateau s’approcha de Saint-Port, il ne distingua plus que le point blanc de la cornette de la vieille qui remontait la berge. Alors il chercha des yeux le toit de sa maison : il le reconnut entouré des cimes de ses arbres. Un peu de fumée s’éleva du pignon. Jasmin mit sa figure dans ses mains et pleura.

Martine chercha à le distraire.

— Voici les Gillot ! dit-elle.

Ils sortaient de leur tannerie. L’oncle cria :

— Revenez pour les vendanges !

Les roches frappées par le soleil du matin avaient des douceurs d’ambre. Les vignobles brillaient. La Seine, après un coude, passa entre la forêt de Rougeau et le bois de la Guiche. Les arbres montraient des verdures tendres.

Dans le coche, les moines caressaient une bouteille de vin : ils buvaient à tour de rôle. Une nourrice