Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chantait d’une voix aigre, et l’officier des gardes suisses retroussait sa moustache en regardant Martine à la dérobée.

L’embarcation atteignit Le Coudray, un endroit clair, où la Seine s’élargit et refléta avec éclat le ciel devenu tout bleu. Puis ce fut Corbeil, avec ses bastions, ses tours et ses grands magasins de grains. Comme c’était jour de marché, le pont s’encombrait de charrettes, et les paysans descendaient, sur l’autre rive, d’Yerres et de Tigery, par la petite église de Saint-Germain, qui tintait gaiement, haute sur sa butte. On débarqua quelques paniers de volailles.

Un peu plus loin apparurent à droite les toits du château d’Étioles.

Jasmin se souvint : la Marquise lui réapparut parmi l’herbe enlunée, pleine de grâce avec sa robe rose ; il revit son pied, tout petit, qui caressait la verdure nocturne, tandis que le son des violons montait vers le ciel printanier. Il se rappela l’air du menuet qu’il avait en vain cherché jusqu’à ce jour. Rêveur, il regarda un pêcheur qui attirait un brochet au bout de sa ligne et les chalands qui flottaient au gré du courant. Un berger, au milieu des roseaux, s’abreuvait à deux genoux dans le creux de son chapeau. Des lavandières se penchaient sur le flot, qui les peignait comme en miniature. Des villages apparaissaient avec des rideaux d’arbres. On allait passer à Juvisy.