Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas de fleurs « remontantes ». À l’idée de cette privation Buguet regretta presque le cadeau fait à Martine ; bien qu’il aimât fort la soubrette, il la maudit un brin et sentit que peut-être au fond de son âme il préférait à sa blonde joliesse la chair multicolore des bouquets.

Doucement, avec un soupir, il gravit à droite de la maison un petit escalier de pierres qui conduisait à une terrasse où s’alignaient les fuschias, les basilics odorants, les orangers de savetier. Au long de plates-bandes bordées de thym, les œillets d’Inde répandaient leur âpre parfum. Au fond de la terrasse, le premier rayon aviva les roses trémières comme s’il les eût peintes avec un pinceau d’or.

Jasmin sortit un arrosoir, en plongea le ventre dans un tonneau enfoncé au coin d’un parterre. Il distribua l’eau à des flox préparés pour la Saint-Auguste, tombant ce jour-là.

— Mère, cria-t-il en promenant sur les plantes les jets fins d’un juste arrosage, les flox blancs sont à vendre ! Trois sols !

— C’est pas donné, mon garçon !

Jasmin devait aller chez l’oncle Gillot pour savoir quand on commençait les vendanges.

— Bonne idée, mon fieu ! dit la Buguet. Embrasse bien mon frère pour moi. Hé ! Porte-lui notre dernier melon.