Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/163

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trouble. Il ressemble à un chrétien qui ne se serait pas confessé depuis longtemps.

Agathon joignit les mains :

— Moi je me confesse quatre fois l’an. Cela soulage, même lorsque l’on n’a que deux ou trois péchés minimes sur la conscience. Je me promène plus léger après l’absolution. Et si j’avais du loisir je m’approcherais souvent du tribunal de la pénitence.

Il fit remplir les gobelets.

— Et puis je n’aime pas les femmes, déclara-t-il à brûle-pourpoint, d’un ton sec. Elles sont filles de Satan. Ève nous a perdus tous ; et je ne puis voir des jupes sans songer au péché originel. Vous aimez les femmes, vous, n’est-ce pas Buguet ? Je lis cela dans vos yeux. Si vous n’êtes point très chaleureux envers Martine (je puis me tromper ! ), votre cœur doit s’enflammer aisément et brûler peut-être pour une autre.

Buguet tressauta.

— Oh ! Ce mouvement vous trahit ! s’écria le défroqué. Si mon métier m’oblige à regarder sous le croupion des poulardes (et je fais mon métier avec la résignation qui convient pour gagner le ciel ! ), je sais aussi plonger dans l’âme humaine et descendre au fond de ces puits obscurs qu’on nomme les consciences, car je fus tonsuré et j’ai fréquenté les moines les plus subtils, les ennemis des capucins,