Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/18

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Buguet rentra, mit sa culotte noire à boucles d’argent, une chemise de toile bise avec un col rabattu, un gilet de pékin à pochettes et son habit brun en droguet : puis, ayant noué ses cheveux par derrière en catogan, il posa sur son front le tricorne des dimanches.

Il partit, emportant sur l’épaule, au bout d’un bâton, le gros fruit jaune que la mère avait mis dans un panier fermé « pour attraper les curieux ».

Et il suivit le bord de la Seine, heureux de la belle journée.

Passant à Saint-Assises, Jasmin aperçut dans le parc d’une gentilhommière le vieux jardinier qui ratissait l’allée.

— Bonjour, monsieur Leturcq !

— Ah ! Jasmin ! Entre donc !

— Vous êtes bien civil, monsieur Leturcq ! Buguet ôta son chapeau et déposa le panier près de la grille.

— Viens que je te montre une plante nouvelle, continua M. Leturcq. Elle arrive d’Italie et fleurit ici pour la première fois.

Jasmin eut un battement de cœur en pénétrant dans la petite serre. Un dévot n’est pas plus ému sous le porche d’une église. Cet amoureux des fleurs eût cherché l’eau bénite au fond des arrosoirs et se fût signé. Il tint son feutre sous le bras respectueusement.