Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/171

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se trouvaient sur une hauteur. Collin fit descendre Buguet de voiture :

— Voici votre futur jardin, dit-il en ricanant.

Le terrain était aride, montagneux, bosselé, plein de pierres, de sables et de mousses. Quelques maigres arbustes disposaient une verdure avare au-dessus d’éboulis.

Jasmin s’engagea à travers le coteau, puis en fit l’ascension. À mesure qu’il montait il découvrait le pays : la plaine qu’il avait traversée et Paris dans un lointain bleu ; de l’autre côté, un village avec une grande église et un château seigneurial, puis des bois, de vastes amphithéâtres pleins de lumières, de hautes collines ondulant au ciel d’été. Sur toutes les éminences, des moulins-à-vent. Au bas du coteau, la Seine contournait une île et passait sous un pont en bois de vingt et une arches. L’eau coulait plus vite qu’à Boissise.

Vers le sommet de la côte, Jasmin s’arrêta. Sur un trône rustique formé de cailloutage et de gazon, était assise Mme de Pompadour. Buguet la reconnut à sa robe de satin dont le soleil faisait briller les rubans multicolores. Il avait entrevu cette toilette au moment où la Marquise quittait son hôtel à Paris. Ici pour se garantir du vent la maîtresse du Roi avait jeté son chapeau de paille à côté d’elle et mis une bagnolette : ce capuchon, couvrant ses épaules, lui cachait la figure ; mais elle releva le front et