Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/183

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Mme de Pompadour vint plus souvent avec Martine. MM. de l’Isle et de l’Assurance étaient heureux de montrer les progrès des bâtisses et des terrasses. Le Roi réapparut. Sous la tente, à l’heure du repas, Jasmin surprit la Pompadour qui sucrait des cerises et les présentait à la bouche de son amant.

Martine arriva bientôt près de Buguet avec un plat d’argent plein de fruits rouges :

— Tiens, voici des cerises que Madame offrit au Roi. Il en reste. Je les ai prises pour toi.

Avec les mêmes gestes gracieux, elle mit devant les lèvres du jardinier les fruits sur lesquels la Marquise avait promené ses jolis doigts.

Quand Martine était partie, Buguet rêvait en regardant le fleuve qui l’avait emportée avec sa maîtresse. Au pied de Bellevue, l’île qu’embrassait la Seine formait du côté de Sèvres un port où les péniches et les allèges s’amarraient. L’autre partie était couverte de troupeaux qui promenaient des taches blanches au milieu du vert irisé des herbes et faisaient de l’îlot une sorte d’arche de Noë.

La Seine était toujours animée. Des bateaux montaient, venant de la mer ou de Rouen et portant à Paris le tribut des marées ou les riches produits de Normandie. À la belle saison une multitude de barques conduisaient un peuple immense aux promenades de Saint-Cloud.