Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Un jour que Jasmin contemplait ce spectacle, il vit arriver au loin un bateau ponté qui captiva son attention. Il avançait poussé par six rames rouges. Sa proue était dorée. À l’arrière un grand drapeau rose et bleu flottait.

— Mais qu’ai-je donc, se dit le jardinier, à ne pouvoir détourner mes yeux de ce bateau ?

Il aperçut quelques femmes debout sur le pont et, bien qu’elles fussent au loin pareilles à des poupées, il reconnut parmi elles la Marquise et Martine. Il descendit au galop le coteau et vint les attendre au bord de la rivière. La Marquise, en paniers cadets, s’appuyait sur une longue canne et portait un tricorne. Le premier regard de Buguet fut pour elle. Martine, qui guettait les yeux de son mari, en souffrit ; mais elle ressentait si grande joie à revoir Jasmin qu’elle l’étreignit de tout son cœur au milieu des autres femmes de chambre, qui riaient, voltigeant autour de leur maîtresse, un papillon de dentelle posé sur leur tête.

Mme de Pompadour donna le couple Buguet en exemple à ses servantes :

— Ils s’aiment vraiment, et je souhaite à vous toutes des époux n’aimant ainsi que leur femme.

Jasmin fut troublé.

— Il ne faut pas rougir, Buguet, reprit la Marquise.