Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/185

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L’année suivante le château se couvrait. On avait enlevé les échafaudages.

Devant, régnait la grande terrasse où l’on se proposait de mettre des orangers en caisse.

Derrière, depuis l’an précédent arrivaient pour les bosquets, des lilas, les arbres de Judée, des érables de Virginie, les peupliers d’Italie et de la Caroline. M. de l’Isle les faisait venir des pépinières royales et répétait à leur sujet les principes du vieil escuyer Jacques Boyceau, intendant des jardins de Louis XIII : « Pour transplanter un arbre, il faut le prendre en croissance, fort et vigoureux, de belle venue, bien appuyé sur ses racines de tous côtés. »

À la fin d’avril, les lilas et les arbres de Judée fleurirent. Les lilas lourds et voluptueux épandaient des senteurs bienheureuses ; les arbres de Judée se contentaient de leur pourpre claire. C’étaient les premières fleurs du jardin de Bellevue. Jasmin les fit offrir à Mme de Pompadour par Martine et Flipotte, qui les apportèrent sur une grande claie d’osier. La Marquise en garda durant tout le jour au corsage. Elle enfonçait son bras nu dans les branches fraîches, humait les odeurs pénétrantes du printemps.

Au soir Buguet retrouva, dans la tente dressée pour la favorite, les lilas qui étaient fanés. Il les prit dans ses mains, les porta à sa bouche, puis sa tête roula