Page:Demolder - Le Jardinier de la Pompadour, 1904.djvu/193

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arriva à Bellevue pour souper et dormir. Il faisait un temps gris. Le petit château tout neuf paraissait transi, parmi les arbres sans feuilles. Pourtant Mme de Pompadour voulut que ce fût fête. Elle ordonna un feu d’artifice et fit revêtir à sa domesticité un uniforme fabriqué exprès à Lyon.

Le Roi était accompagné de plusieurs seigneurs. Mais les cheminées qui n’avaient pas encore essuyé l’humidité enfumèrent les appartements. Il fallut souper au bord de la Seine, à Brimborion, et la Marquise contremanda le feu d’artifice, au grand dam des badauds, qui s’étaient réunis à l’extrémité de la plaine de Grenelle.

En revanche, le 28 janvier suivant, on joua la comédie au château de Bellevue. Les comédiens représentèrent l’Homme de Fortune par le sieur Lachaussée. Après la pièce M. de la Vallière ordonna un ballet qui fit grand plaisir.

Martine avait apporté à la marquise de Pompadour et aux autres dames des éventails de Nankin qui s’harmonisaient avec la salle de théâtre décorée à la chinoise ; elle raconta le ballet à Buguet :

— On vit d’abord une montagne, dit-elle, qui, bien qu’enserrée sur la scène, semblait plus haute qu’une tour de Notre-Dame. Elle n’avait pourtant qu’un peu plus de la taille des valets de coulisse. Elle s’ouvrit et il en sortit un petit château tout pareil à celui de Bellevue. Tu aurais pu compter les fenêtres